Magnifique. Immense. Inébranlable. Impérial. Superbe. Génial. Magistral. Sensationnel.

Jordan Binnington mérite tous ces qualificatifs pour sa performance dans la partie ultime de la finale de la Coupe Stanley, hier soir. Mais s’il ne fallait choisir qu’une épithète pour décrire son parcours, ce serait «improbable». 

Le héros du septième match – 32 arrêts – s’est présenté au camp d’entraînement comme quatrième gardien des Blues. L’équivalent de Michael McNiven, avec le Canadien. Il a évidemment été retranché. 

À 26 ans, il s’est retrouvé à San Antonio, au Texas, pour une sixième saison dans la Ligue américaine. Pas précisément le chemin le plus fréquenté des grands champions.

En décembre, Jordan Binnington a reçu un appel du grand club. Ses deux premières apparitions – en relève – se sont conclues par des défaites de 7-2 et 6-1.

Au Nouvel An, les Blues ont atteint le dernier rang de la LNH. Rendus là, ils ne pouvaient plus descendre plus bas. Le 7 janvier, ils ont donc envoyé Binnington à l’abattoir. Le gardien recrue a reçu 25 tirs. Il les a tous arrêtés. Trois jours plus tard, il limitait le Canadien à un seul but. Grâce à son jeu inspiré, une victoire à la fois, les Blues sont parvenus à quitter la cave, puis à se qualifier de justesse pour les séries.

On connaît la suite.

Au total, saison et séries comprises, Binnington a présenté une fiche de 40-15-1. C’est mieux qu’Andrei Vasilevskiy (39-14-4), qui gardait les buts du Lightning de Tampa Bay, équipe ayant battu plusieurs records d’excellence. Binnington a lui-même établi un record qui ne pourra qu’être égalé: 16 victoires en séries pour un gardien recrue. Il est aussi devenu le cinquième gardien à remporter la Coupe Stanley à sa première saison complète dans la LNH.

Les autres? Ken Dryden, Patrick Roy, Cam Ward et Matt Murray.

Un quatuor intéressant avec qui jaser dans une partie d’huîtres.

Lui-même a fait le plein d’anecdotes grâce à son jeu dans le match d’hier. Dès le départ, il a gardé les Blues dans le match avec une série d’arrêts spectaculaires, notamment pendant une supériorité numérique des Bruins. En milieu de troisième période, il a sorti la jambière droite alors qu’il était à plat ventre, privant Joakim Nordstrom d’un but important. Les Blues ont d’ailleurs compté leur troisième but sur la même séquence.

Mais surtout, Jordan Binnington est devenu hier le premier gardien de l’histoire des Blues à soulever la Coupe Stanley. Un moment que ses coéquipiers ET les partisans de Boston ont applaudi chaleureusement.

Et ça, c’est la plus belle marque de reconnaissance que pouvait recevoir ce héros improbable.

Manque de classe

13-0. C’est le pointage de la victoire des Américaines contre les Thaïlandaises en lever de rideau de la Coupe du monde féminine de soccer. Un gain remarquable.

Or, ce ne sont pas les buts qui ont retenu l’attention, mais les célébrations exagérées. Un exemple: après le neuvième but, Megan Rapinoe a effectué deux toupies, une glissade, puis un étrange mouvement de jambes faisant penser aux pinces d’un crabe.

De la grosse classe. 

La critique n’a pas tardé – avec raison. Les Américaines se sont défendues. L’ancienne joueuse étoile Abby Wambach a écrit sur Twitter: «C’est votre rêve de jouer et de marquer en Coupe du monde. Célébrez. Diriez-vous à une équipe masculine de ne pas compter ni célébrer? Ce n’est pas une ligue récréative. C’EST LA COUPE DU MONDE!!!!!!!! Cessez de juger ces femmes avec vos lunettes patriarcales. Vous ne diriez jamais ceci à propos d’une équipe masculine. Point.»

Le problème, ce n’est pas le pointage. Le format du tournoi favorise les équipes qui gagnent par de gros écarts. Les Américaines étaient donc justifiées d’en compter 13.

Le problème, ce sont les célébrations. Un manque flagrant d’esprit sportif. D’autant que les forces en présence étaient inégales. L’humilité aurait été de mise. Ça m’a rappelé un sketch de RBO, dans lequel le personnage d’Alain Chantelois se vante d’avoir «disputé un match amical et viril de racquetball contre un handicapé mental en chaise roulante». «Et je le massacre quatre matchs contre trois.»

Quant aux allégations de sexisme, je rappelle qu’aux derniers Championnats du monde de hockey junior, le Canadien Morgan Frost s’était fait critiquer pour avoir célébré trop fort son tour du chapeau contre les faibles Danois.

Pas après 9-0.

À 5-0.

Coup dur pour la LFUQ

Le quart Jonathan Sénécal, considéré comme le plus bel espoir du football d’ici depuis longtemps, préfère poursuivre sa carrière à l’Université du Connecticut plutôt que dans le réseau québécois.

Le jeune homme a de grandes ambitions. Il estime que ses chances de percer sont meilleures s’il va aux États-Unis. On ne peut pas le lui reprocher.

Pourquoi choisirait-il la Ligue de football universitaire du Québec (LFUQ), dans laquelle 40% des matchs la saison dernière ont pris fin avec un écart de plus de 30 points? Oui, des dégelées de 75-3, 53-0 et 53-2 permettent de gonfler les statistiques individuelles. Mais les dépisteurs ne sont pas dupes. À vaincre sans péril, on triomphe en effet sans gloire.

Ça fait des années qu’on parle du manque de parité dans la LFUQ. En novembre, les équipes perdantes en séries ont marqué un grand total de trois points – en trois matchs. La ligue doit trouver des solutions à très court terme si elle veut convaincre les meilleurs talents de rester ici.